Article paru le 26/10/09 sur Première.fr

Publié le par Pierre Davis

Julian Casablancas s'échappe des Strokes

En plus d’être beau, Julian Casablancas a du talent à revendre. Dans Phrazes For The Young, son premier album solo, le chanteur des Strokes ne se défait pas de la touche du groupe. Mieux, il apparaît évident que c’est bel et bien lui, en père fondateur, qui détient le secret de la bande.
L’attaque est violente. Out Of The Blue est un affrontement entre des riffs de guitare électrique déments et des petites notes de synthé pour modérer. Oui, du synthé. C’est la grande différence entre les différents opus des Strokes et Phrazes For The Young. Casablancas a inséré un clavier à la MGMT , franchement agréable et très aérien. On le remarque notamment dans 11th Dimension et Left & Right In The Dark, titres dans lesquels les synthés prennent le pas sur les guitares. Left & Right In The Dark bénéficie d’ailleurs d’une intro très lyrique, qui rappelle la musique du Roi Lion sur MegaDrive, ou plus récemment (ou presque) le circuit Rainbow Road de Mariokart 64. Retour dans les 90's aussi en écoutant River Of Brake Lights. Véritable mix de Juicebox (des Strokes) et de Lose In My Favourite Game (des Cardigans). Malheureusement, le plaisir est coupé trop brusquement, avec une fin de titre qu’on ne voit vraiment pas venir, qui en est presque frustrante.
Mais cette précipitation est sans doute pour marquer la scission avec 4 Chords Of The Apocalypse, titre dans lequel le New-Yorkais se la joue quasiment à la Bill Withers, jonglant avec une mélodie très douce, et sa voix mélancolique. Encore une nouveauté donc, finie la voix traînante, quasi flemmarde de tristesse, Julian Casablancas s’attaque à la mélancolie. Avec brio qui plus est. Une caractéristique que l’on retrouve dans Ludlow St. et Glass, sortes de petites ballades.
Toutefois, la perfection n’existe pas. Tourist est le seul morceau décevant de Phrazes For The Young. Sans doute parce que Casablancas accentue cette voix traînante qui semblait avoir évolué, mais surtout parce les montées en puissance et dans les aigus ne sont pas dignes de lui. Cette capacité à pouvoir soudainement devenir énergique, dans Juicebox ou You only live Once par exemple, qui lui donnait une véritable signature vocale, est absente de Tourist. Le hic, c’est qu’il s’agit de la dernière chanson de l’album, ce qui peut laisser un goût amer.
Il ne faut toutefois pas noircir le tableau, Phrazes For The Young est excellent. En mêlant le rock qui faisait le charme des Strokes (post Room On Fire), et en y ajoutant quelques touches mélancoliques au chant et au synthé, Julian Casablancas mène à bien son projet d’escapade solitaire.

Pierre Davis

Publié dans Culture

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